Ta venue ...
Cela faisait deux nuits que je ne dormais pas car le jour J approchait. Deux nuits les mains posées sur mon ventre, à te sentir et t'"écouter"; je me disais égoïstement "non, pas encore, il est trop tôt". J'attendais, patiemment, pleine d'interrogations mais pas inquiète. J'entendais le chat ronronner, soupirer, il dormait d'un sommeil sans faille, quant à papa, je l'avais laissé dormir tranquillement.
Et ce 21 octobre 2010 à 6h00 du matin, alors que je me prépare pour aller en salle d’accouchement, on me dit que Bébé sera là dans la matinée. Je crois que je ne réalise pas, on m’emmène, ton papa à mes côtés et nous attendons, nous t'attendons. J'ai sans cesse cette phrase qui me revient "Elle sera là dans la matinée", ce n'est pas possible, la fin de la matinée, c'est à peine dans quelques heures, deux-trois pas plus. Cela me semble surréaliste. On me prépare, ton papa est lui aussi allé s’habiller, la péridurale est efficace, le temps passe vite, ton papa revient, il porte un chapeau et des chaussons en papier. Il est toujours souriant, c'est ton papa. Il s’installe à mes côtés, calme et à mon écoute.
Le médecin nous dit que "ça y est, c'est pour maintenant", je le vois s’activer. Je suis inquiète, ton papa aussi mais je suis heureuse. Je sais que tu vas arriver, je n'ai pas mal. Et à 8h35, tu es là. Ce que je vois en premier, ce sont tes cheveux, tes longs cheveux noirs, tu en as plein. Tu parais forte, mais tu me sembles aussi si fragile, tu me regardes, je vois ton regard, tes grands yeux qui me fixent, comme si tu savais que c'était moi ta maman. J'ai l'impression que tu en sais déjà plus que moi, que c'est toi qui va m'apprendre à devenir maman. Et dans ce regard, je lis tout ce que tu veux bien me dire, tu me parles déjà, le temps est comme suspendu, je suis en train de réaliser à quel point je t'aime déjà.
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